#lightjanuary

On croyait l’affaire pliée il y a quelques semaines quand le Président de la République française a prié son gouvernement de ne pas apporter d’eau au moulin du Dry January anglo-saxon. Las, le lobby prohibitionniste hexagonal a décidé, riche de ses grasses subventions d’État (eh oui, amis vignerons, nous payons pour eux…), d’en remettre une couche. Une repasse, un ripasso comme on dit en Valpolicella, largement répercutée par les bigots de la nouvelle repentance, hérauts du puritanisme post-soixante-huitard, que sont devenus certains journalistes au militantisme morbide. 

Beaucoup, donc, avec la hargne (et la gaieté communicative) du curé défroqué se sont faits la main sur le vin, symbole absolu d’une France qu’ils semblent exécrer, trop normale à leurs yeux, trop française peut-être. En terme d’iconographie, là aussi, les peine-à-jouir* se sont régalés: du blanc, du rouge, du rosé, partout le méchant pinard, cause de tous les maux. En prime, ce qu’il reste du Nouvel Obs s’en prend aux bistrots français, autre ennemi à abattre visiblement…

Allez, laissons les bande-mous arroser de Caca-Cola, de kombucha, leurs burgers vegan, leur quinoa de janvier** en dissertant sur le drame des populations racisées et/ou genrées, et revenons sur terre. Car les « bons docteurs » le savent, le creux de l’hiver n’est peut-être pas le meilleur moment de l’année pour se passer du plus naturel des antidépresseurs.

En revanche, pour faire une pause après les libations et les (éventuels) excès des fêtes, on a parfois envie, dans le droit fil de ma dernière chronique sur les alternatives à la carignanasse, de vins plus légers, plus aériens. « Light » quoi, comme on dit chez les empoisonneurs.

Toujours à la mode, le Jura offre pas mal de rouges qui correspondent à ce profil. Malheureusement, compte tenu de la faiblesse de l’offre et de la force de la demande, les prix ont énormément grimpé depuis le début des années dix. D’où l’intérêt du Domaine des Cavarodes, apparemment moins bankable chez les spéculateurs pinardiers et les buveurs d’étiquettes***. Je vous avais ici-même, en 2012, parlé de son trousseau, là, ce n’est pas d’un arbois qu’il s’agit mais d’un vin-de-pays de Franche-Comté dont j’avale goulûment chaque bouteille qui me passe entre les mains. Donner son assemblage revient à réciter le Galet; certes, le pinot et trousseau donnent le ton mais Étienne Thiébaud leur a adjoint du gamay, du poulsard, du pinot meunier, du portugais bleu (plus courant en Allemagne, Autriche, Hongrie voire à Gaillac), du gueuche noir, de l’enfariné (ou gouais, père médiéval d’une multitude de cépages), du mézy et de l’argant. 

Au bout du compte, vinifiée en infusion, cette tisane pinote davantage que bien des bourgognes. Profitez d’ailleurs de son extrême buvabilité pour ne pas en laisser une goutte; peu protégé, il tient très mal l’air. Et mariez-le à un très régime boudin-purée qui achèvera de dire merde à la dictature des puritains auxquels nous n’offrirons pas janvier.

*À ce propos, j’ai lu, dans l’interview d’une addictologue, sous une photo qui célébrait le rosé, que l’alcool provoquait l’impuissance des hommes dès le premier verre. Ha ha ha ha !
**Un mois sans burgers, sans ketchup, sans Nutella, sans Caca-Cola, ils ont ça dans leurs cartons, ceux qui veillent à notre santé morale ?
***Dans le même ordre d’idée, je me régale des vins de Guillaume Overnoy, le neveu.

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