La Bourgogne ne perd plus le Nord.

Ouf! Le ridicule ne tue pas, mais on n’est pas passé loin. Finalement, l’INAO s’est ravisé, Chablis et toutes les frétillantes AOP du nord de la Bourgogne, dont certaines historiques, ne seront pas exclues de l’appellation régionale. La directrice de l’Institut National, Marie Guittard, a décidé d’éteindre le feu*, il est vrai qu’une légitime colère montait, dans l’Yonne notamment. Pour mémoire, 64 communes étaient menacées de relégation (ce qui faisait rire la Terre entière). Selon la directrice, « nous n’avons jamais eu un phénomène de dissensus aussi important entre un organisme, le syndicat des vins de Bourgogne (qui introduit auprès de l’INAO une demande pour redéfinir son aire géographique), un syndicat qui approuve les principes généraux de cette délimitation c’est-à-dire les grands sujets qui doivent être traités par les experts au moment de la délimitation commune par commune- et qui, in fine, ne se retrouve pas du tout dans les conclusions des experts. » Franchement, on pouvait s’y attendre…

Pour fêter ça, nous allons boire non pas du blanc, mais du rouge, du rouge populaire, symbole justement d’une Bourgogne qui n’a pas encore perdu le nord, où en tout cas les prix ne se sont pas envolés.
Direction Irançy avec ce génial canon, un 2017 plein de gouaille, bon et bio, signé par la famille Richoux. Du pinot noir, bien sûr, et une pointe de césar, le local de l’étape dont on dit souvent qu’il ne mûrit pas; ici ce n’est pas le cas.

En suivant, parce qu’une telle nouvelle vaut bien qu’on dégaine son tire-bouchons à répétition, on se régalera des Mazelots 18 de Guilhem Goisot. Toujours un irançy, mais version côte-de-nuits. Un vin ambitieux (au bon sens du terme), encore un peu sur la mise mais au fruit formidablement long. Franchement, il fallait être fou comme un lapin atteint de myxomatose pour envisager d’éjecter un jus pareil de Bourgogne!

Enfin, blanc sur rouge rien ne bouge, un chablis. Pas celui de Thomas Pico dont je reparlais récemment ni même des excellents DeMoor & DeMoor, mais une étiquette qui monte, étiquette jaune cab d’Isabelle et Denis Pommier. J’ai adoré le côte-de-léchet 2018, un vin qu\’il faudrait attendre au moins 6-7 ans pour qu’il dise tout ce qu’il a dans le ventre.
Allez, m’sieurs-dames de l’INAO, sans rancune**, la Bourgogne reste en Bourgogne, mais n\’y revenez pas !

*Décision d’ajourner cette bêtise annoncée dans une interview au Figaro. Une interview (ci-dessous), comme il se doit un rien « robinet d’eau tiède », où l’on comprend que Chablis et sa région seront préservés mais que dans l’avenir Dijon a des soucis à se faire pour cause de tradition viticole interrompue.

**ADDENDA 21:30:
Cela étant, les vignerons bourguignons restent mobilisés et « monteront à Paris » dire aux fonctionnaires de l’INAO leur détermination. Il en est question dans ce papier sorti ce soir dans L’Yonne républicaine.

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